• 02/11/2022
  • Par binternet
  • 404 Vues

Le marché Paul-Bert - Serpette, un show de puces<

Pour lui, c’est « impensable ». Passer à Paris sans visiter les puces, Hamish Bowles n’y songe même pas. Le quinquagénaire anglais, très proche collaborateur d’Anna Wintour au sein de l’édition américaine de Vogue, vient plusieurs fois par an en France, notamment pour les diverses fashion weeks. Cet habitué du Ritz trouve toujours un moment pour s’engouffrer dans un taxi direction le 110, rue des Rosiers, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), au marché Paul-Bert - Serpette.

Dans ce qui est le « plus grand marché d’antiquités au monde », il passe de stand en stand, remarque un tabouret ou un livre rare, lorgne une tenue haute couture qui viendrait enrichir sa collection, parmi les plus beaux ensembles de mode, et dont certaines tenues ont été prêtées pour l’exposition Chanel au Musée Galliera.

D’habitude, malgré ses costumes de tartan et ses tenues multicolores, Hamish Bowles passe inaperçu parmi le flot de clients venus du monde entier qui se pressent chaque fin de semaine dans les travées. Mais, en ce maussade dimanche de fin septembre, de passage en France, attablé au Café La Crème, il est bien l’un des seuls à parler anglais.

C’est que Paris a été vidé de ses touristes par la crise sanitaire. Et donc les puces, cinquième site touristique de France, avec 5 millions de visiteurs par an, de nombre de ses acheteurs. En temps ordinaires, la moitié d’entre eux sont des étrangers, dont 60 % d’Américains. Aussi, la période est très morose. Quelques badauds parisiens se baladent, certains une chaise dans les bras, d’autres poursuivant leurs enfants à vélo. Quant à Ma Cocotte, le restaurant dessiné par Philippe Starck, qui attirait les foules midi et soir à l’entrée du marché, il est fermé depuis près d’un an.

Le marché Paul-Bert - Serpette, un show de puces

Car, en réalité, le début des difficultés, et de la désertion américaine, remonte à plus de dix ans. Dans la foulée de la crise des subprimes, puis des attentats de 2015, les touristes nord-américains sont moins venus. Les mouvements sociaux de l’hiver dernier, puis les mesures de restriction liées à l’épidémie ont achevé de fragiliser cet écosystème.

La venue de Hamish Bowles ravit ­certains marchands, qui rêvent de voir revenir les Anglo-Saxons. Ainsi de la décoratrice américaine, Kelly Wearstler, une habituée des lieux, qui vient plusieurs fois par an, râtisse les allées, prend de tout pour ses clients californiens. Et se fait envoyer des conteneurs remplis de marchandises – 400 000 euros lors de son dernier voyage… Seule éclaircie pour le moment, à la fin du confinement, un acheteur également américain a fait atterrir son jet au Bourget, au mépris des précautions alors en cours, et a débarqué, stupéfiant les locaux.

Il vous reste 84.84% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.