• 08/04/2022
  • Par binternet
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La nouvelle édition critique de "Mein Kampf" est déjà un best-seller<

Bienvenue dans le Box Office, le rendez-vous hebdomadaire de l’émission Soft Power. On y épluche chaque semaine les tendances de la culture et les plus gros succès du moment. En partenariat avec l’institut d’études GfK pour les livres et les jeux vidéos et CBO Box Office pour le cinéma.

C’est un best-seller dont on se serait bien passé : Historiciser le mal : une édition critique de Mein Kampf (éditions Fayard) se retrouve à la 7ème place des meilleures ventes en France, avec quand même plus 3 000 exemplaires vendus (selon la presse). L’objet, que nous avons eu entre les mains, est étrange : très grand et volumineux, à couverture toute blanche : le volume fait 864 pages et pèse son poids. Il coûte 98 euros, un prix qui avait été pensé pour être dissuasif.

Le texte de Hitler est pris en étau dans un très dense appareil critique, 2 800 notes au total, qui déconstruisent ses phrases racistes et criminelles. Jusqu’à présent, les traducteurs essayaient de faire sens de ce pamphlet, de le restituer en bon français, de corriger les syntaxes idiotes et les fautes logiques. Là, il a été rendu dans toute sa bêtise et sa folie. Par exemple, Hitler semblait écrire par concaténation, sur le modèle de la comptine Trois petits chats chats chats chapeau de paille ; bref, par délire verbal, par enchainements d’idées sans raison. Dans Philosophie Magazine, on apprend même du traducteur Olivier Mannoni que la rhétorique Hitler ressemble à un discours complotiste : on balance 20 faits à la suite, sans liens entre eux, invérifiables, ce qui crée un effet de sidération.

Mais si le livre Historiciser le mal : une édition critique de Mein Kampf a beau être enserré de notes d’historiens, de commentaires et de mises en garde, le mal est fait. Sylvain Fort dans l’Express écrit : « Je crois que quelque chose achoppe. On aperçoit obscurément une faille : c’est qu’on ne combat pas le mal avec des preuves et des démonstrations. Le livre possède, qu’on le veuille ou non, l’aura maléfique de la bête immonde. C’est peut-être un peu dur à avouer mais la leçon de ce livre c’est qu’on n’historicise pas le mal. » Voilà l’erreur, la faute peut-être, de la PDG de Fayard, Sophie de Closets, qui a réussi à faire de Mein Kampf (quelles que soient les précautions prises) un best-seller en France en 2021.

"Raoult, une folie française" rentre dans les meilleures ventes

À la 13ème place des ventes, un livre co-signé par Marie-France Etchegoin et par la journaliste du Monde Ariane Chemin. Raoult, une folie française. Il était temps que quelqu’un s’attaque sérieusement au mystère Raoult, un homme à la fois trop bavard et peu connu, sur lequel il faut impérativement faire preuve d’équilibre. D’un côté, sa longue et brillante carrière de chercheur rend difficile le procès automatique en charlatanisme ou en druidisme. De l’autre côté, ses saillies irréfléchies, ses déclarations à l’emporte-vaccin et sa passion pour la polémique interdisent de le voir pour ce qu’il rêve d'être : le sage excentrique et vertueux dans la Cité, la figure du Socrate médical qui met les médecins et l’institution face à leurs contradictions. Alors que les médias français étaient restés tétanisés dans leur traitement du professeur Raoult, soit trop crédules, soit trop critiques, le New York Times avait commis en mai 2020 un portrait de haut vol. Ariane Chemin l’avait d’ailleurs partagé à l’époque sur les réseaux sociaux. Mai 2020, c’était juste après que Trump ait déclaré la chloroquine remède miracle. Mai 2020, c’est il y a plus d’un an, une éternité. C’est le temps qu’il a fallu au journalisme français pour se mettre à la hauteur ; merci donc à Ariane Chemin et Marie-France Etchegoin pour ce bilan salutaire. Les bonnes feuilles sont consultables ici.

Le top 10 Essais-Documents en France cette semaine, établi par GfK.

La nouvelle édition critique de

En littérature, gros succès pour la traduction française du tome II de 365 jours, le roman de l’écrivaine polonaise Blanka Lipinska, à la 3ème place des meilleures ventes. 365 jours, c’est une saga érotique, un 50 Shades of Grey à la polonaise, qui avait rencontré un succès mondial avec l’adaptation du tome 1 par Netflix en juin 2020. Depuis, Blanka Lipinska apprécie sa nouvelle notoriété internationale. Destin étrange pour cette ancienne maquilleuse, “make-up artist” disent certains médias, cosmétologue dit même Wikipédia (la cosmétologie étant, on le découvre à l’instant, la science des cosmétiques).

Le top 10 littérature en France cette semaine, établi par GfK.

Elden Ring, futur succès mondial

En jeux vidéo, on signale un futur best-seller pas encore sorti, Elden Ring, mais dont des premiers extraits viennent d’être partagés. Annoncé en 2019 par le japonais Hidetaka Miyazaki, légende vivante du game design et père de la saga des Dark Souls, le scénario est co-écrit par George R.R Martin, l’auteur de Game of Thrones. Et les extraits de gameplay diffusés annoncent déjà une direction artistique de haut vol. Sur les réseaux, les gamers de tous les pays s’affolent. Elden Ring sortira le 21 janvier 2022.

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"Adieu les cons" et "Des hommes" au box office cinéma

Dans les salles de cinéma cette semaine, Adieu les cons réalisé par Albert Dupontel est encore et toujours premier du box office. Parmi les nouveautés qui rentrent dans le top 10, il y a Des Hommes, à la 8ème place. Des hommes, adapté d'un roman de Laurent Mauvignier par Lucas Belvaux, était sélection officielle du festival de Cannes 2020. C'est un film sur les tourments d'anciens soldats français revenus d'Algérie, Gérard Depardieu et Jean-Pierre Darroussin. 60 ans après la guerre, le film les représente hantés par les souvenirs, les flashbacks cruels, les remords, bref, par toute une mémoire qui, malgré le temps, ne passe pas.

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Lupin est de retour

Je vais vous parler de mes nuits, du sommeil : il en a manquait pour moi vendredi soir quand j’ai commencé vers minuit à regarder le premier épisode de la deuxième partie de la série Lupin sur Netflix, série française signée Gaumont : eh bien je n’ai pas pu m’arrêter. 5 épisodes d’affilées en binge-watching. Et ça valait l’insomnie à cause de Paris et surtout d’Omar Sy. Paris, qui est le vrai héros de cette série Netflix : Paris filmée magnifiquement, et comme on ne l’a jamais vue, grâce au Covid (paradoxalement) car une ville entièrement déserte c’est beau la nuit. La scène finale au Théâtre du Chatelet est gargantuesque.Et puis Omar Sy. Avec Jean Dujardin, Dany Boon ou Matthieu Kassovitz, est l’un des meilleurs acteurs français, peut-être même le meilleur. Et quelle élégance ! Quel sens du jeu, pince sans rire, fierté sans préjugés. La première partie avait été un carton mondial sur la planète Netflix, plus de 76 millions de foyers ont vu Lupin à travers le monde – c’est cela le soft power français, version Gaumont qui produit la série. Du Brésil à l’Asie, Lupin a séduit les foules ; c’est la troisième série la plus regardée sur Netflix aux Etats Unis. On verra les chiffres pour cette seconde partie mais on peut déjà parler, comme le poète, de cette "probité infernale des masses". Succès mainstream donc, avant une troisième partie annoncée finalement et que l’on attend déjà.

Le retour de Coldplay

Musique pour terminer avec cette vidéo futuriste de Coldplay sortie ce week-end pour leur titre "Higher Power", qui annonce un nouvel album. Le clip est produit par Dave Meyers avec les effets spéciaux de la start up Mathematic et la chorégraphie un peu désordonnée de la compagnie de danse Ambiguous Dance Company. Un clip « V.F.X », comme on le dit dans le jargon geek, pour « effets visuels ».

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Effets visuels encore avec le lancement très opportun (nous apprend le Financial Times ce dimanche) d’une ligne de mode par Guy Berryman, le jeune bassiste de ColdPlay. Pendant le confinement, le musicien s’est fait créateur de mode. Le nom de sa marque : Applied Art Forms.Ce qui est intéressant ici, ce sont ces stars de la musique qui se lancent dans la mode et s‘improvisent stylistes. Beyoncé s’est spécialisé dans les vêtements sportifs, Kanye West et son épouse Kim Kardashian dans les chaussures Nike puis Adidas, sans oublier Pharell Williams, Britney Spears ou Justin Timberlake. Souvent, ces stars s’accoquinent avec une grande marque : Rihanna avec LVMH pour sa collection Fenty ou Kanye West (justement) avec Louis Vuitton. Dans l’ensemble, les stars choisissent le "sportswear" et le "streetwear", c’est-à-dire le luxe urbain ("urban luxe" disent les influenceurs). Pourquoi ce phénomène ? Eh bien justement parce que les artistes pop ou rap sont de formidables influenceurs vis-à-vis des jeunes. Parfois, leurs marques ne sont que du "branding" - juste de la promo avec un gros chèque à la clé - mais parfois c’est un travail de haute couture. Et justement, le bassiste de Cold Play, Guy Berryman semble passionné par son travail : « Je suis un total nerd »,dit-il dans le Financial Times, « ma marque de mode n’est pas un projet de vanité ["a vanity project"]».

Dans cette catégorie toutefois, le plus grand succès n’est pas venu de la musique mais du sport. C’est un tennisman qui remporte la palme d’or du marketing de la mode : son nom Stan Smith. On a oublié le joueur professionnel de tennis (aujourd’hui âgé de 74 ans) mais personne n’a oublié ses chaussures. Certes il n’a prêté que son nom, et n’a jamais tanné le cuir, mais près de 100 millions de personnes portent à leurs pieds ses chaussures. Ce sont des Adidas, avec des petits trous pour respirer, chaussures blanches avec un renforcement au talon d’Achille siglé vert. Depuis 1964, le succès est là. Regardez dans la rue, il y a une chance sur dix pour que vous voyiez une Nike Air Max ou une Adidas Stan Smith.

CETTE CHRONIQUE EST À REECOUTER EN PODCAST DANS L'EMISSION DU 13/06/2021

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