• 31/01/2023
  • Par binternet
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Vente de cartes Pokémon et de sneakers à des prix fous : à qui profitent ces nouveaux business ?<

Le marché des cartes Pokémon et des sneakers explose ces dernières années. Certains ont profité de cette tendance pour lancer leur business. Qui sont-ils ? Enquête.

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Elles valent désormais plus cher que le Bitcoin ou que des œuvres d'art, les cartes Pokémon et les sneakers ont la cote auprès des collectionneurs. Ces objets de puristes ont leur propre marché et se revendent à des prix fous. Au mois d'avril dernier, une paire de Nike Air Yeezy 1 portées par Kanye West adjugé à 1,8 million de dollars a explosé les ventes aux enchères. Les cartes Pokémon valent aussi de l'or, puisqu'en février 2021 une carte Dracofeu 1re édition a été vendue 506 969 dollars, soit 418 000 euros, record absolu à ce jour.

Parce qu'ils ont compris qu'il y avait un marché à conquérir, certains ont décidé de se lancer dans ce business. Grâce à des coups de com', des éditions très limitées et des partenariats avec des sportifs comme Michael Jordan ou encore des stars du rap US comme Travis Scott, Nike, Adidas et autres, ont réussi à attiser la hype autour des sneakers. Ce ne sont plus seulement des simples chaussures de sport, ce sont désormais de véritables symboles de la culture urbaine.

Le marché de la revente, qui concernait auparavant les produits de luxe, s’est vu envahir par les marques urbaines, voyant ainsi la menace de la contrefaçon augmenter. Comme tout produit qui a de la valeur et qui se vend sur Internet, difficile de s'assurer soi-même de l'authenticité d'une paire. Un nouveau métier est alors apparu, celui de logisticien spécialisé dans l'authentification de sneakers. Quentin, un Sneakerhead - le nom donné aux collectionneurs - travaille pour la plateforme de revente Wethenew, lancée en 2018. En moins de trois ans, l’entreprise est devenue une référence sur le marché de la revente de sneakers en France. Sur le site, il est possible pour les clients d'acheter ou de vendre une paire rare garantie authentique, en toute sécurité.

" Quand je suis arrivé en juillet 2020, on authentifiait 600/700 paires par jour, aujourd'hui, on est à 1 000/2 000 paires par jour. Il faut être d'autant plus vigilant parce qu'avec un tel flux, on essaie encore plus de nous avoir avec de fausses paires ", raconte-t-il.

Lampe UV, odeur, couture... Tout est examiné

Vente de cartes Pokémon et de sneakers à des prix fous : à qui profitent ces nouveaux business ?

Alors que dans l'univers de la carte Pokémon qui s'échange et se revend aussi, il ne s'agit pas d'authentifier, mais de certifier. En 2016, précurseur, l'entreprise PCA Grade ouvre en France. C'est la seule société spécialisée dans la certification de cartes Pokémon qui existe aujourd'hui dans le pays. PCA propose aux collectionneurs du monde entier d'envoyer leurs cartes pour qu'elles soient notées sur leur état et plastifiées, pour les préserver à vie. Chaque carte PCA est scrupuleusement notée de 1 à 10+ par trois experts, afin d'assurer que la note inscrite sur l'étiquette est fidèle à l'état de la carte. " La valeur fiduciaire de la carte dépend de sa qualité, donc de la note qu'on lui attribue, mais aussi de sa rareté, explique François-Xavier Colombani, gérant de PCA. Faire certifier une carte serait un gage de qualité qui augmenterait sa valeur de 30 %. Il faut compter 9€ et environ 40 jours pour recevoir sa carte certifiée.

Dans le monde des sneakers, Wethenew a un processus bien précis qui commence dès l'emballage : " On regarde l'extérieur de la boîte à chaussures et les étiquettes, par exemple si elles sont transparentes et qu'on voit le logo derrière, c'est signe de fake, explique Quentin. On vérifie le papier et l'odeur des chaussures, la colle utilisée par Nike est très reconnaissable à l'odeur, alors que la colle sur des fakes a une odeur très forte ". Puis, Quentin examine les coutures, la semelle, les motifs, les trous. Pour les Yeezy ou les Adidas, une lampe UV permet de voir des coutures cachées. " Ce n'est pas de la science exacte. Quand j'ai un doute, il m'arrive d'aller chercher une vraie paire du même modèle en stock pour comparer. "

L'été dernier, Wethenew a vendu une paire de Jordan 1 Dior pour une dizaine de milliers d'euros. À un tel montant, il est donc indispensable pour le client d'être certain de l'authenticité de ses chaussures. D'après Jean-Baptiste du site spécialisé The Sneakers Bible, la valeur des sneakers " à la revente a été amplifiée grâce aux réseaux sociaux ".

En trois ans, le prix de cartes Pokémon multiplié par 10

Pour ce qui est des cartes Pokémon, les collectionneurs s'échangent ou se vendent entre eux principalement sur des sites comme eBay, LeBonCoin, des groupes Facebook ou par le bouche-à-oreille. Mais la pratique se professionnalise. Depuis 2018, ces cartes ont fait leur entrée dans le milieu prisé des ventes aux enchères, chez le français Vermot & Associés. C’était à l’époque une première en Europe, lancée au départ pour le " fun ", mais qui s'est avérée être un succès, comme le raconte l'expert en charge de ces ventes, Florian Bourguet : " Depuis 2018, les prix de vente ont été multipliés par 10. En février dernier, une carte très rare distribuée lors d'un tournoi s'est vendu 12 000 euros." Chaque jour, l'expert, spécialisé dans la BD à l'origine, reçoit des dizaines de cartes à estimer pour de futures ventes.

Avec les 25 ans de Pokémon cette année et les confinements, ces cartes de jeu à l’effigie des petits monstres nés au Japon, dans l’univers de Nintendo, retrouve du succès auprès des enfants et des trentenaires. " On attire un nouveau public plus jeune, qui n'est pas habitué aux ventes aux enchères ", se félicite l'expert.

Pour la certification, ils embauchent chaque semaine

Le marché de ces deux phénomènes est en pleine expansion. L'année dernière PCA certifiait environ 1 000 cartes par mois, aujourd'hui, ils atteignent les 30 000. L'entreprise d'une dizaine d'employés, ne cesse de grandir et recrute chaque semaine. " Pour être certificateur de carte Pokémon, il faut forcément être collectionneur au départ, précise le gérant de PCA. Pour la partie plastification, il est essentiel d'être minutieux, pour ne pas abîmer les cartes. "

Même constat chez Wethenew, l'entreprise française est passée d'une quarantaine à une soixantaine d'employés en moins d'un an. " Si tu n'es pas du milieu depuis longtemps, c'est compliqué ", précise le logisticien spécialisé en authentification. Dans ce monde du Streetwear, les recrutements se font surtout par le bouche-à-oreille.

" Ce qui est intéressant pour les sneakers, c'est que cela se rapproche pas mal du marché de l’horlogerie ou de la maroquinerie de luxe. Même de seconde main, déjà portées, cela se revendra toujours, et plus on les conserve en bon état, plus elles ont potentiellement de la valeur ", détaille Jean-Baptiste de The Sneakers Bible.

Prochaine étape pour le marché français, l'organisation d'une vente aux enchères de sneakers ?