• 26/04/2022
  • Par binternet
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Un médecin toulousain récompensé pour son étude sur la température des testicules<

Andrologue au CHU de Toulouse dans le service de médecine de reproduction, maître de conférences des universités, le Dr Roger Mieusset est aussi l’inventeur du slip chauffant qui permet une contraception masculine thermique. Ses travaux, menés avec Bourras Bengoufida, chercheur en mathématiques à l’université Toulouse III-Paul-Sabatier, et publiés en 2007 dans la revue Human Reproduction, viennent d’être consacrés par un « Ig Nobels », prix complètement loufoque qui met en lumière des recherches pas si farfelues. Explications…

Vous venez de recevoir un « Ig Nobels », prix complètement loufoque. Quelle est votre réaction ?

Je suis très content, j’ai gagné symboliquement 10 mille milliards de dollars zimbabwéens ! Ce prix est complètement loufoque dans la mise en scène mais il n’en est pas moins sérieux. Il est attribué sur propositions d’autres chercheurs qui souhaitent mettre en avant des publications qui paraissent drôles mais qui, au fil du temps, sont citées, reprises et amènent d’autres recherches.

Ce n’est donc pas un prix de seconde zone ?

Pas du tout, il est très recherché dans la communauté scientifique ! À la suite du prix, j’ai été interrogé par de nombreux médias, le British Medical Journal a souligné l’intérêt de mes travaux. J’ai aussi reçu de nombreux messages drôles et bienveillants de confrères. J’avoue, j’ai bien ri !

Quel était l’objectif de vos travaux ?

Un médecin toulousain récompensé pour son étude sur la température des testicules

Il s’agissait de savoir si la température du scrotum (enveloppe cutanée des testicules) était tributaire des positions. Nous l’avons étudiée chez des volontaires nus puis habillés et dans différentes positions (debout, allongé, jambes écartées, jambes croisées) et comparée avec des volontaires postiers qui travaillaient huit heures debout au centre de tri et des chauffeurs de bus toulousains qui, eux, passaient huit heures assis. Nous avons noté que, quand le volontaire était nu, son scrotum gauche avait une température plus basse que son scrotum droit et que, habillé, quelle que soit la posture, c’est le scrotum gauche qui a une température plus élevée. La position assise jambes croisées augmente aussi la température du scrotum. L’intérêt était de démontrer que la température du scrotum était partie prenante dans la température des testicules. Ainsi, face à une infertilité masculine liée à un nombre réduit de spermatozoïdes et une température anormalement élevée d’un testicule (au-dessus de 35°), on peut agir par des mesures d’hygiène de vie et d’habillement plutôt que de passer par une fécondation in vitro.

Et cette question de température est aussi au cœur de vos travaux sur la contraception masculine par le port d’un slip chauffant ?

Oui, infertilité et contraception sont liées. Si on sait contracepter un homme, on doit pouvoir réparer un testicule qui fonctionne au ralenti. Je travaille sur le slip chauffant depuis 1982. En remontant les testicules contre le corps, il occasionne une augmentation de température des bourses de deux degrés. Porté quinze heures par jour, il est efficace au bout de trois mois : l’élévation de la température fait dégringoler la production de spermatozoïdes en dessous de 1 million par millilitre. Le brevet est porté par le CHU de Toulouse et l’université Paul-Sabatier. Un industriel vient d’acquérir la licence d’exploitation, nous entrons dans une autre étape avec un développement en bonne voie pour 2020.

L’intérêt pour le slip chauffant n’est donc pas anecdotique ?

Au départ, la question de la contraception masculine n’intéressait pas plus d’un ou deux couples par an. Aujourd’hui, nous recevons près de 120 couples par an pour de l’information. La moitié a le souci d’une alternance de la contraception dans le couple et 80 % choisissent le slip chauffant. Je suis des couples qui utilisent ce dispositif depuis sept ans.