• 25/08/2022
  • Par binternet
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"Quand on n’a pas d’amour chez soi, on va le chercher ailleurs": Vincent Lagaf’, pas toujours le cœur à rire<

Bien sûr, quand il entre en scène pour Pair et manque à Mandelieu, le public ne tarde pas à se marrer. La pièce de Nadège Méziat, dont il partage l’affiche avec Christian Vadim, exploite au mieux le potentiel comique de Lagaf’, dans ce rôle de "tombeur raté, vieux beau qui n’a jamais rien compris aux femmes alors qu’il croit les connaître à la perfection. Il a toujours du mal à se remettre en question".

Comme le vrai Vincent dans la vie? "Ta gueule!" La réponse fuse avec spontanéité. Mi tête de lard, mi caractère de cochon. Mais l’humour toujours prêt à dégainer.

Aux Nuits Robinson de Mandelieu la semaine dernière, avant Ramatuelle ce lundi soir, Lagaf’ renoue avec ses premières amours théâtrales de one-man show.

Plaisir décuplé cette fois, car il ne joue pas en solo. Le pitch: trois potes d’enfance ont l’habitude de se retrouver pour deviser au café, mais l’irruption d’une jeune femme bouscule habitudes et certitudes.

"Je suis super content d’avoir découvert Nadège et de jouer dans sa première pièce. Son écriture, c’est du Audiard. Pas une minute sans un rire ou un sourire."

Pour autant, il ne faut pas s’y tromper. Pas parce que l’homme de télé a jadis présenté une émission en costume rose et queue-de-pie, qu’il est toujours un clown.

Lui arbore des tatouages plutôt que le nez rouge. Et même si la pièce débute sur l’air des Copains d’abord, le ton est plus âpre lorsqu’il s’agit d’évoquer les gens du métier.

"Je n’y ai pas de vrais amis. Il y a des gens fidèles, tant qu’ils ont encore besoin de vous, mais de là à passer des vacances... Mes copains, ce sont plutôt un grutier, un terrassier, des champions dans des sports que l’on ne voit pas comme le jet-ski ou le snow-scoot", confie l’amateur de sensations fortes.

"En réalité, mon meilleur ami c’est mon fils [Robin Rouil, réalisateur, N.D.L.R.], et j’en suis très fier. Il ne se passe pas un jour sans qu’on se dise qu’on s’aime."

"Bo le lavabo, personne ne l’a refait!"

Lagaf’ a beau jouer dans Pair et manque, pas question de se manquer en tant que père. Lien d’autant plus sacré et viscéral, sans doute, que l’ancien enfant de la DDASS n’a connu que parents adoptifs. Et l’assistance du public, pour combler le vide affectif.

"Quand on n’a pas d’amour chez soi, on va le chercher ailleurs. Moi, j’ai fait le pitre à l’école pour attirer l’attention de mes camarades, puis j’ai fait rire pour avoir des amis. Ce n’est jamais un manque d’amour, mais un besoin d’en donner, et je monte aussi sur scène pour ça."

Cœur fragile (il a subi une opération) mais corps endurci, musclé, même s’il est bien abîmé depuis un grave accident de jet-ski.

"Je suis à la fois fêlé et cassé, mais peut-être indestructible", s’amuse-t-il, érodé par les vagues de la gloire comme de l’insuccès.

À 61 ans, il porte encore bo, bo, Bo, le lavabo, trente ans après ce tube improbable qui lui a permis de s’acheter un bateau à Saint-Laurent-du-Var, puis de s’amarrer à jamais sur les côtes de Cavalaire. Malgré galères et vents contraires.

"Le lavabo, personne ne l’a jamais refait! Y a eu des chansons rigolotes, mais un truc aussi profond: treize semaines dans les cinq premiers du Top 50, devant Phil Collins ou Madonna. Ça ne plaisait pas à tout le monde, et peu me serraient la main quand j’arrivais chez Drucker, ironise-t-il. Quant à La Zoubida (son autre hit musical), je dis encore merci à Harlem Désir. Sans ses accusations de racisme, elle n’aurait pas autant cartonné, et lui a commencé sa carrière avec!"

Face au politiquement correct, Lagaf’ peut devenir la baffe. Et même s’il a dû subir déclassements et décalages horaires à la télévision, il n’est pas près de rentrer dans le rang. On le reverra bientôt sur TF1 en vieux directeur de cirque dans Camping Paradis.

"J’en avais écrit le premier épisode avant de me prendre la tête avec Jean-Luc Azoulay [producteur de la série, N.D.L.R.], mais j’ai dit à Laurent Ournac que je n’avais aucune colère contre lui, et qu’il aurait été con de ne pas saisir cette opportunité."

Envie de cinéma mais...

L’"anim-acteur" ne serait pas contre non plus un retour au cinéma, même si son premier film n’a pas crevé l’écran, loin de là.

"Ce fut une expérience tellement pourrie et lamentable, se désole-t-il. Je n’ai pas pu tourner le film que j’ai écrit, et je n’ai même pas vu le film que j’ai tourné! J’ai perdu 5 Me dans l’affaire, et personne ne m’a aidé à me relever."

Lagaf’ aimerait "jouer un mec que l’on prend pour un benêt, mais qui se révèle en fait un surdoué en tout". On l’aura compris, qu’on l’aime ou pas, interdit de le prendre pour un Baltringue (titre de son 1er film en tant que réalisateur et acteur). Car Vincent a beau être comique, quand il se fâche ou se met à bosser, ça ne rigole pas…