• 23/03/2022
  • Par binternet
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Cao Hua Qin, « protecteur » pour la diaspora chinoise, « parrain » pour la police<

Son surnom c’est le « Gros ». Il l’assume. Et son histoire est celle d’un personnage comme en rêveraient les clichés de romans policiers. Le « Gros » porte toujours des chaussettes en coton bien remontées dans ses mocassins noirs. Sans cesse un énorme trousseau de clés au ceinturon là où d’autres y glisseraient leur Glock.

Dans le monde à la Al Pacino ou à la Tarantino, il aurait certainement décroché le rôle de grand « boss ». Lui se dit « protecteur ». Certains diraient « parrain ». Mais son sobriquet en chinois c’est « dagué », une façon plus courtoise de dire « grand frère ».

On ne rencontre pas tous les jours le « Gros ». Dans la vie civile, il s’appelle Cao Hua Qin. Il a 44 ans. Lui arracher des phrases relève de la performance. Mais l’actualité a fini par le faire sortir du bois. C’est lui qui a été en partie à l’origine de la mobilisation de la diaspora chinoise, il y a presque un an, à la suite du décès, en août 2016, de Chaolin Zhang, un modeste couturier d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).

C’était après une agression crapuleuse, pour laquelle les trois auteurs présumés ont finalement été renvoyés, le 19 juillet, devant un tribunal, avec la circonstance aggravante de racisme. Décision rare dans le flot des violences antichinoises.

Cao Hua Qin, « protecteur » pour la diaspora chinoise, « parrain » pour la police

La réputation du « Gros » a surtout été durement écornée, en mars, lors des dernières manifestations agitées de la communauté chinoise : le renseignement intérieur l’a implicitement accusé de les avoir attisées en coulisses.

Shérif du Far West

Cette fois, c’était à la suite du décès par balles d’un père de famille de 56 ans, Liu Shaoyao, après un tir de « riposte » d’un policier. Dans une note divulguée dans plusieurs médias, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a alors moins tergiversé que d’autres pour le qualifier. « Mafieux », a-t-elle écrit en substance. Autant dire qu’il n’a pas du tout apprécié.

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Paradoxalement, M. Cao déteste cette image de « patron » de l’ombre que lui ont collée magistrats et policiers spécialisés. S’il pouvait réécrire l’histoire, il se décrirait plutôt en shérif du Far West. En l’occurrence, son fief d’Aubervilliers, empire de l’atelier de confection, royaume de l’entrepôt. « Si j’avais été moteur, les manifestants n’auraient pas été des centaines, mais des milliers », fanfaronne-t-il, attablé dans une brasserie parisienne aux côtés d’un homme silencieux, vigie permanente de ses dires.

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