• 16/09/2022
  • Par binternet
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Cinquième vague : les traiteurs gersois ne sont pas à la fête<

"Sur le mois, on a presque tout perdu, à part les plats livrés pour le jour de Noël. Les entreprises, les associations ont renoncé à leurs repas. Ils ont suivi les consignes. On a fait 2 000 euros, au lieu des 30 000 euros de décembre 2019", calcule Gabriel Bourzat, gérant de L’Os Y Thym.

Comme la majorité de ses confrères, le traiteur installé 11, rue Marcel-Luquet, à Auch, enregistre une forte diminution de son activité en cette fin d’année, à cause de la cinquième vague : "Seuls les particuliers qui ne peuvent pas se déplacer ont maintenu. En janvier aussi, des offices de tourisme ont reporté leur événement et tous ceux qui m’ont sollicité n’ont pas donné suite." Si l’Auscitain confie avoir anticipé la saison 2022 et affiche "complet" l’été prochain, il s’inquiète des incertitudes actuelles : "Si les mairies, les sociétés attendent que la situation s’améliore, combien de temps ça va durer ? On est spécialisé dans le haut de gamme, on ne fait pas de quiches lorraines, qui sont faciles à écouler."

Yannick Monferran, responsable de L’escudela gersoise basée à Frégouville, a également subi une série d’annulations depuis le début du mois. "Tout a été décommandé jusqu’en janvier, que ce soit les repas de la Sainte-Barbe, ceux du rugby, ou même le réveillon. 150 personnes devaient se réunir dans une salle des fêtes." Le traiteur estime que ses pertes représentent 95 % de son chiffre d’affaires en décembre "alors qu’il s’agit d’une des plus grosses périodes de l’année, avec juillet et août". "On ne peut pas vivre avec des prestations pour les particuliers. En plus, les gens ont peur de se regrouper depuis les annonces."

Le gérant de L’escudela gersoise estime avoir mieux travaillé lors des précédentes fêtes. "Cela a été moins compliqué pour nous, car, avec le confinement qui avait débuté en octobre, on avait pu anticiper. Là, on a l’herbe coupée sous les pieds. C’est tombé au début du mois. On ne peut pas se retourner en quinze jours", juge celui qui décrit pourtant 2021 comme une "année de folie". "Les gens se sont précipités à l’extérieur, on a bossé comme des dingues jusqu’à l’automne. Tout commençait à bien se remettre en place."

Une projection difficile

Cinquième vague : les traiteurs gersois ne sont pas à la fête

Le soutien financier accordé par l’Etatlui a aussi permis d’aborder plus sereinement l’année. "Le gouvernement vient d’annoncer de nouvelles aides pour ceux qui font de l’événementiel. Donc, je suis moins inquiet. Sinon, on mettrait la clé sous la porte en deux mois."

Gabriel Bourzat relativise aussi : "Grâce au fonds de solidarité, le volume d’affaires de 2021 est équivalent à celui de 2019." Béatrice Broqua, responsable de la société Ô plaisir de tous, abonde : "Il ne faut pas trop se plaindre. On a été indemnisés." Traiteur à Lectoure, elle a vu son chiffre d’affaires chuter d’environ 90 % en décembre, une période pourtant "équivalente à un mois de juillet en termes de recettes". "Quand les manifestations publiques ont été annulées, je me suis dit que les prestations privées seraient moins touchées. Mais, depuis l’intervention d’Emmanuel Macron, je reçois tous les jours des appels de clients qui décommandent. Ils avaient prévu des repas de famille à 25 ou 30, mais ils réduisent à six convives. Donc, ils préfèrent cuisiner eux-mêmes."

La situation sanitaire rend impossible toute projection, selon elle : "On prépare en amont la saison à venir, les clients signent les devis. Avec cette pandémie, personne n’ose se prononcer. Les particuliers viennent, me demandent comment cela se passera s’il y a encore le Covid." Celle qui souhaite investir dans un laboratoire hésite : "Il faut quatre à cinq ans pour rembourser. J’ai déjà 57 ans. Est-ce que je vais travailler comment avant ?" Mais au-delà de l’aspect financier, la professionnelle insiste sur les répercussions de cette baisse d’activité sur le moral : "On prend surtout un coup psychologique. On ne peut plus faire plaisir aux gens." Béatrice Broqua évoque aussi ses proches : "Cela impacte toute la famille pour plusieurs années. Ils ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent."

Comme ses confrères, la gérante veut cependant "garder espoir". Persuadés que la sortie de la crise sanitaire sera lente, tous misent sur l’adaptation.

Des aides pour les traiteurs en décembre

Le 21 décembre, le ministère de l’économie a annoncé un "soutien spécifique" en décembre pour les entreprises de l’événementiel dont l’activité pâtit de la reprise épidémique. Ces sociétés bénéficieraient d’une aide "dès lors qu’elles perdent plus de 50 % de leur chiffre d’affaires et qu’elles connaissent des pertes d’exploitation". Leurs coûts fixes seraient entre autres pris en charge. Les traiteurs seraient concernés par ces mesures.