• 06/03/2023
  • Par binternet
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mode : toutes les tendances Le cinéma parlant des habits de l’investiture de Joe Biden<

Bien que critique de mode, je ne ramène pas tout aux vêtements, loin de là ! Cela peut même m’agacer quand ce sont eux seuls qu’on remarque dans un événement, d’ailleurs principalement sur les femmes, comme par hasard… Mais parfois, ces sacrés habits se font si éloquents, ça vaut vraiment le coup d’en parler. C’est exactement le cas avec l’investiture du 46e président des États-Unis, Joe Biden.

Par-delà tout un tas de choses, comme l’absence du président Donald Trump ou les mesures exceptionnelles de sécurité, par-delà l’émotion de la cérémonie, la disposition même des invités (tout en distanciation sociale) qui faisait remarquer chaque chaise, voici qu’il y a eu un autre élément : les tenues vestimentaires. Bien sûr, je plaide qu’elles sont souvent signifiantes, mais là, je dois dire, elles se sont surpassées…

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Dites-moi, n’était-il pas extraordinaire, Bernie Sanders, refusant de se les geler (il faisait très froid) et venant carrément avec ses moufles en alpaga, à motifs, dont on apprend (puisque le monde est fait ainsi qu’on apprend toujours tout) qu’elles lui ont été offertes par une enseignante il y a deux ans ? Jen Ellis les lui avait fabriquées exprès… mais certes pas pour un « Inaguration Day ». Bien sûr, cela a attiré des moqueries, sur le côté « club senior » des démocrates. Mais cela a aussi ravi beaucoup de gens, de voir qu’un homme pouvait faire aussi peu cas d’un tacite dresscode.

Le sénateurBernie Sanders...et ses moufles en alpaga, cadeau d’une enseignante

J’aimerais vous citer d’autres hommes ce jour-là habillés de façon mémorable, mais hélas, il faut bien reconnaître que rien ne ressemble plus à un costume d’homme qu’un autre costume d’homme. Idem pour le pardessus, et on a même bien du mal à discerner le gris foncé du bleu marine. Les journaux américains ont beau écrire que le costume du président Biden venait de chez Ralph Lauren, tout le monde s’en fiche.

mode : toutes les tendances Le cinéma parlant des habits de l’investiture de Joe Biden

Il nous reste donc les tenues vestimentaires des femmes à commenter. On peut certes tout de suite râler qu’il est rétrograde de sans cesse disséquer la manière dont les femmes sont habillées. On peut voir là-dedans du sexisme, et j’ai la conviction que, de temps en temps, c’en est. Mais il me semble que cela évolue.

Il me semble que les femmes ont de moins en moins à prouver qu’elles ne sont pas superficielles sous prétexte qu’elles sont habillées avec une grande recherche. Il me semble qu’elles ont compris ceci : l’imagination des hommes de pouvoir, en matière vestimentaire, est des plus restreintes. Et ON N’EST PAS NON PLUS OBLIGÉES DE FAIRE COMME EUX. Cet outil dingo de communication qu’est le vêtement, les femmes l’utilisent et elles sont raison.

La suite après la publicitéKamala Harris et son mariDoug Emhoff

Que nous disent ces femmes venues exprès en violet ?

Que nous disent-elles, ces quelques femmes venues exprès habillées en violet à cette investiture ? Oui, on l’a écrit partout, qu’elles avaient choisi cette couleur parce qu’elle est celle qu’on obtient en mélangeant le bleu des Démocrates et le rouge des Républicains. Oui, c’est un symbole d’unité et c’est un geste politique, voire démagogique, même si on s’en voudrait de lui grappiller sa bonne intention.

Mais il y a autre chose derrière ce dresscode improvisé : imaginerait-on des hommes avoir ne serait que l’idée d’un tel statement ? Mieux, les imaginerait-on une seule seconde passer à l’acte ? Non. Il faut des femmes et leur fabuleux rapport à la visibilité des habits pour faire ça.

La poétesseAmanda Gorman, « solaire» en Prada

Passons à Amanda Gorman, la poétesse de 22 ans qui est venue lire un de ses poèmes, « The hill we climb », devant le monde entier, en somme. La jeune femme portait une tenue de chez Prada. Tout ici était solaire, éclatant, remarquable, du jaune citron du manteau, à la blanche immaculée de la chemise, en passant par le serre-tête rouge coquelicot.

Devant mon écran, je jubilais. Et aussi en savourant les commentaires déconcertés sur Twitter, de tous ces ignorants (et ignorantes) se demandant s’il est tout à fait possible d’être à la fois poétesse et habillée à la dernière mode. Eh bien oui, c’est possible. Et il va falloir qu’un certain nombre de personnes se l’enfoncent dans le crâne. J’irai même plus loin : non seulement c’est possible, mais chez une personne intelligente comme cette jeune fille a prouvé qu’elle l’était, le vêtement est tout à fait capable d’être comme le prolongement d’une aura.

La suite après la publicitéLa chanteuse Lady Gaga dans une robe théâtrale de Schiaparelli pour chanter l’hymne national

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A propos d’aura, et Lady Gaga ? Elle, elle avait choisi une robe Schiaparelli. Une tenue théâtrale entre sobriété absolue et codification de la robe de bal. Une énorme broche en forme de colombe agrafée sur son cœur. Sur la plupart des photos, on voit Lady Gaga au milieu des invités, la seule à être aussi spectaculaire, bien cohérente avec le fait qu’elle soit là, elle plus encore que les autres, pour se donner en spectacle. La robe la place exactement là où elle doit être.

Qui dira après ça que les vêtements, ce n’est pas important ? !

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